Après 7 années en moyenne sur des postes d’adjoint, les personnels de direction des EPLE évoluent vers une prise de responsabilités à la tête d’un établissement. La posture, les fonctions, les interlocuteurs changent, cet EPLE dont ils prennent la direction a sa propre organisation, ses caractéristiques, son environnement, qui doivent être compris et intégrés. Issus parfois de collèges, mais aussi de lycées généraux, professionnels ou polyvalents, les cheffes et chefs d’établissements nouvellement affectés en collège à la rentrée 2024 découvriront pour certaines et certains les particularités de ce lieu d’enseignement qu’est le collège. Pour tendre vers une prise de fonction réussie, un accompagnement adapté doit répondre aux enjeux de cette évolution de carrière.
C’est dans ce cadre que, pour la première fois, l’IH2EF organisait en juin la formation des cheffes et chefs d’établissement nommés pour la première fois en collège en septembre 2024. Une formation qui posait volontairement la question du sens et des objectifs : "Vous faites partie des 340 adjoints promus à la direction d’un EPLE à la rentrée 2024" signale en ouverture Charles Torossian, directeur de l’IH2EF. "Vous arrivez à un moment de votre carrière où vous devez porter du sens à votre métier".
Lors des conférences introductives, Yves Delécluse et Guy Waïss, inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche, ont alerté sur la responsabilité qui pèse sur les nouvelles principales et nouveaux principaux de collège : "Vous êtes visible de façon cruelle car c’est vous qu’on va interpeller et à qui on va reprocher ce qui ne fonctionne pas. C’est aussi à vous de porter haut celles et ceux qui font que ça marche. Vous jouerez votre rôle dans la performance du système éducatif, dans la réussite et l’accomplissement du projet de chacune et chacun".
Organisée sur deux journées, cette formation reposait à la fois sur des apports de connaissances en séances plénières et des temps de production lors d’ateliers. Les prises de parole et les travaux s’articulaient autour du pilotage pédagogique et de la mise en œuvre du "Choc des savoirs", de la conduite d’une stratégie d’établissement pluriannuelle, de la gestion financière et juridique de l’EPLE. Ce séminaire constituait enfin une occasion unique de faire réseau, de partager les ambitions que chacune et chacun porte pour le système éducatif et de construire collectivement l’identité professionnelle du corps des personnels de direction.
Le leadership, clé de voute de l’amélioration du système éducatif
"Aucune amélioration du système éducatif n’est possible sans une amélioration de son organisation globale et managériale" constate Charles Torossian, "20% de la réussite des élèves sont imputables à l’action du chef d’établissement". L’exercice du leadership représente donc un point capital de la performance du système éducatif. Parce qu’un management efficace suppose le développement de compétences et l’acquisition de savoirs particuliers, cette formation incluait des temps de réflexion et de compréhension des leviers managériaux du pilotage pédagogique. Cette prise en compte s’inscrit dans la continuité de l’ensemble des dispositifs de formation mis en place par l’IH2EF autour des compétences managériales et du leadership, et répond à une demande de montée en connaissances et compétences de la part des directions scolaires.
Une prise de fonction entre continuité et renouveau
Naïma Horchani-Carton, proviseure adjointe d’un LPO de l’académie de Clermont-Ferrand, s’apprête à prendre la direction d’un collège après sept années en tant qu’adjointe. "Mon expérience au sein d’un LPO, structure complexe et multiforme, a été très enrichissante et formatrice, humainement et professionnellement, pour aborder cette nouvelle étape" indique Naïma. Même constat pour Joanna Fournié, qui, après dix années sur des postes d’adjointe, dirigera un collège dans l’académie de Grenoble à partir de septembre : "Après 5 ans dans un collège de REP, puis 5 ans en charge des classes préparatoires aux Grandes Écoles dans un grand lycée, je me sens enthousiaste à l’idée de me lancer enfin en tant que pilote de manière complète et non plus en délégation rectorale à l’année !".
Depuis sa nomination, Naïma prépare sa prise de fonction tout en poursuivant ses missions au sein du LPO : "J’ai pris le temps de contacter l’actuelle principale du collège que je dirigerai à la rentrée pour comprendre les grandes lignes de sa politique d’établissement, récupérer des données, évaluer les forces et les axes d’amélioration possibles de l’établissement". Des démarches indispensables associées à des temps d’analyses permettant d’acquérir une vision globale de l’EPLE et de son environnement : "Dès le début, il faut faire preuve d’humilité et accepter de ne pas tout savoir sur l’établissement. Je vais nécessairement m’inscrire dans la continuité de ce qui est déjà mis en place, au moins les premiers mois : un temps d'acculturation qui posera les bases d'une adhésion de la communauté éducative à un projet commun. Une fois que j’aurai pris mes marques avec les personnels et les partenaires, je pourrai mener une politique éclairée".
Dans le même esprit, Joanna souhaite s’inscrire dans une logique de continuité, jusqu’à un certain point : "Parfois, notre regard d’étonnement peut requestionner les manières de travailler pour les améliorer, et leur donner plus de sens". Joanna envisage sa prise de poste sous l’angle de l’écoute et de l’observation : "Je souhaite rapidement rencontrer les équipes enseignantes et administratives, recueillir et tenter d’apporter des réponses à leurs inquiétudes si elles en ont. Les principaux sont toujours de passage, les équipes restent : il faut donc les choyer, les écouter et les embarquer, car ce sont elles qui font vivre l’établissement dans la durée".