Rafaël Ricardou est auditeur du Cycle des hautes études de l’IH2EF. Délégué général à l’insertion, à la formation et aux activités professionnelles à Universcience, il revient sur les raisons qui l’ont conduit à rejoindre le Cycle et livre ses réflexions sur cette semaine d’étude dans l’académie de Versailles.
IH2EF : Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre le Cycle des hautes études de l’éducation et de la formation ?
Rafaël Ricardou : La possibilité d’investir une démarche réflexive, avec une visée d’application concrète, en questionnant enjeux sociétaux et déclinaisons de politique publique, a fortement alimenté ma motivation à rejoindre le Cycle. Investi dans des démarches de recherche-action, les liens entre sciences et société sont un des fils conducteurs de mes pratiques et engagements professionnels. La réalisation d’une synthèse écrite et une restitution orale constituent une modalité de travail stimulante et motivante qui fait toute la différence.
IH2EF : Quel a été l’élément le plus marquant de ce séjour d’étude dans l’académie de Versailles ?
Rafaël Ricardou : Selon moi, l’élément le plus marquant est la grande hétérogénéité - parfois la grande distance - des situations rencontrées par les différentes structures et organisations que nous avons visitées, pourtant mobilisées sur des enjeux similaires qui gravitent autour de l’évolution des compétences.
Ces structures expriment des convergences fortes sur les constats et besoins en matière de formation et d’adéquation des compétences aux transformation des métiers. Cette session a pourtant donné le sentiment d’une forme d’éparpillement des forces et dynamiques de travail. Chacun est dans sa "ligne d’eau", avec des difficultés récurrentes pour faire "passerelle" entre les champs. Un besoin transversal de coordination et de gouvernance a été largement exprimé.
Pour autant, certaines initiatives montrent qu’un rapprochement est possible. Lors d’une séquence avec des experts du Secrétariat général pour l'investissement (SGPI) et de la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), nous avons découvert les Centres of Vocational Excellence - CoVEs, un dispositif qui fédère acteurs publics et privés et favorise le décloisonnement dans l’enseignement professionnel et technique.
IH2EF : Quelles réflexions personnelles cette session a-t-elle fait émerger ?
Rafaël Ricardou : Elle a clairement enrichi une réflexion que je mène actuellement sur la notion de méta-organisation et sur la question de la gouvernance, à différentes échelles territoriales - du local à l’Europe. Plusieurs intervenants rencontrés au fil de notre étude ont souligné l’importance d’appréhender les enjeux de la formation, des compétences du futur et des métiers d’avenir de manière systémique, dans un écosystème d’acteurs qui favorise le décloisonnement et l’hybridation des domaines d’intervention.
Il s’agirait, en quelque sorte, d’accepter d’entrer dans des démarches d’acculturation réciproques afin d’envisager l’élaboration partagée de "communs", incluant l’ensemble des parties prenantes, y compris les usagers.
IH2EF : Un mot pour résumer la session ?
Rafaël Ricardou : Je propose le mot Territoire. Les échelles d’action apparaissent comme un facteur déterminant de l’efficience des dispositifs que nous avons eu la chance d’explorer.
La 3e session de travail du Cycle des hautes études de l’IH2EF aura lieu du 18 au 20 novembre dans l’académie de Nice : de nouvelles rencontres et visites permettront d’explorer la nature des compétences du XXIe siècle, leur construction, leur reconnaissance et leur articulation.



