De la pratique à la professionnalisation
Alexandre et Bruno ne découvrent pas leurs missions d’inspecteur lors de leur entrée en formation initiale, puisqu’ils occupaient déjà ce poste en qualité de faisant fonction. Elle leur a cependant offert l’occasion de structurer leurs pratiques : "J’ai pu repositionner ma posture, réfléchir aux actions que j'avais effectuées avant la formation et les recadrer à la lumière de ses apports", témoigne Alexandre.
De son côté, Bruno souligne que pour l’aspect organisationnel de son poste, la formation a été essentielle : "Lors de ma première prise de poste, j’aurais aimé mieux anticiper les enjeux organisationnels, comme j’ai appris à le faire à l’IH2EF. Le métier demande une gestion du temps extrêmement rigoureuse pour parvenir à tout mener de front". Un quotidien non linéaire qui oscille entre projets de fond et gestion de l’imprévu.
Bruno est un ancien professeur des écoles, tandis qu’Alexandre a exercé comme professeur d’histoire-géographie en collège. Ce dernier souligne l’importance de la formation délivrée par l’Institut pour accompagner la transition interdegré : "Issu du second degré, le plus difficile pour moi a été de m’approprier la culture du premier degré. Malgré une volonté commune et des passerelles qui se créent, nos visions de l’éducation restent marquées par des différences".
Consolider son rôle d’inspecteur
Les deux cadres insistent sur la richesse du parcours proposé par l’IH2EF, construit autour d’apports théoriques, de conférences, d’ateliers collaboratifs et de modules en ligne. Alexandre décrit une "formation dense, très utile pour bien se positionner en tant qu’IEN". Bruno revient notamment sur les éclairages apportés par la recherche, qui permettent d’inscrire ses actions quotidiennes dans une perspective plus large : "Les enseignements théoriques sur les fondements et les enjeux de l’école sont très structurants et rappellent le sens de nos missions".
Des missions stratégiques
Pour Bruno, la tension entre les ambitions pédagogiques et la réalité du terrain est particulièrement marquée : "Cette année, j’ai voulu impulser un travail sur le calcul mental et réfléchi d’une part, et renforcer les dispositifs d’inclusion d’autre part. Tous les projets n’ont pas abouti, on est vite rattrapé par les urgences de terrain. Cela dit, je compte bien y arriver !".
De son côté, confronté à des problématiques complexes, tant humaines qu’organisationnelles, Alexandre estime que la formation lui a apporté des leviers opérationnels directement mobilisables dans son environnement professionnel : "La formation offre des outils concrets qui m’ont permis de résoudre certaines situations, notamment au travers des ateliers sur la posture managériale ou la conduite d’entretien".
La place du collectif
Tous deux insistent sur la force d’un collectif qui se construit au rythme de la formation. Alexandre parle d’une "collaboration entre pairs qui prend tout son sens au fil des regroupements : les échanges deviennent plus riches, les regards croisés permettent de trouver des pistes de résolution face aux problématiques rencontrées sur le terrain". Bruno complète : "Ces temps d’échanges avec les homologues sont vraiment déterminants dans l’affirmation de notre rôle de cadre. J’espère garder contact avec certains collègues pour continuer à avancer ensemble".
Ce réseau, tissé à l’IH2EF entre inspecteurs des 1er et 2d degrés, personnels de direction et autres cadres de l’éducation, constitue un appui durable pour aborder un métier qui ne peut se vivre seul.
Un métier de convictions et de responsabilités
Être inspecteur ne saurait se résumer à une évolution de carrière. Bruno est clair : "On ne se dirige pas vers l’encadrement par défaut. Il faut des convictions, une éthique forte. C’est un métier qui demande un engagement total". Alexandre acquiesce : "C’est exigeant, mais je ne reviendrais pas en arrière". Et si leur message peut sembler engageant, il est aussi profondément positif : "Je m’épanouis pleinement dans mes fonctions", dit Bruno.
À travers les témoignages d’Alexandre Blaineau et Bruno Chartier, c’est un métier profondément humain et stratégique qui se dessine : exigeant, parfois éprouvant, mais toujours riche de sens. Un métier pour celles et ceux qui souhaitent agir au cœur du système éducatif, avec rigueur, conviction et engagement collectif.